Misant sur une forte croissance de 2,4%, le gouvernement grec prévoit un excédent budgétaire primaire de plus de 3,5%
Le gouvernement grec a présenté lundi un projet de budget 2018 plutôt saisissant vu de France : alors que le pays sort exsangue de près de dix années de crise, il est de tous les pays de la zone euro le seul qui, pressé par ses créanciers, vise un excédent de ses comptes publics primaires - avant paiement du service de la dette- aussi important : 3,57% du PIB.
La croissance économique devrait soutenir la réalisation de cet objectif exigeant : la Grèce mise sur une hausse du PIB de 2,4% l'année prochaine après un rebond à 1,8% cette année. Le gouvernement d'Alexis Tsipras qui avait fini par se résoudre à l'été 2015 à mettre en oeuvre les réformes et l'austérité exigée en échange de l'aide des Européens, devrait donc parvenir à dépasser l'an prochain l'objectif d'excédent primaire assigné au pays (3,5%). Il y était parvenu en 2016 et cette année, l'excédent devrait atteindre 2,2%, au lieu des 1,75% initialement prévus.
Nouvelle tranche à venir
Chacun a mis la main à la tâche pour assainir ses finances. Il y a quelques jours, le maire d'Athènes, Georges Kaminis, rappelait que, depuis 2011, il avait réussi à diviser par deux la dette de la capitale, la ramenant de 210 millions d'euros en 2011 à 122 millions à la fin 2016.
La loi de finances doit encore recevoir l'aval des créanciers du pays qui devraient se prononcer dans le cadre de la troisième et dernière revue du programme d'aide en cours, dans le courant de l'automne. Avec à la clé le déblocage d'une nouvelle tranche d'aide de 5,5 milliards d'euros. Début décembre, les députés voteront le texte qui confirme « «le rétablissement de la crédibilité des finances publiques et qui crée des bases pour le retour du pays sur les marchés » indique le ministère des Finances dans l'introduction du document budgétaire. « L'année 2018 doit marquer la sortie de la Grèce des programmes de redressement », ajoute -t-il .
« Sortie sèche » du programme
Athènes ne fait que confirmer ce que le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, avait laissé entendre lors de sa visite à Athènes en début de semaine dernière : la Grèce devrait effectuer comme le Portugal , l'Irlande et l'Espagne avant elle, une sortie « sèche » du programme d'aide, c'est à dire sans ligne de crédit de précaution, quand le 3ème plan d'aide arrivera à son terme, à l'été 2018.
Mais d'ici là, les travaux d'Hercule de la Grèce ne sont pas terminés : restent encore une petite centaine de décisions à prendre, dont entre autres la réforme de la fonction publique, la libéralisation du marché de l'énergie et l'accélération du programme de privatisations.
Catherine Chatignoux
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