Répondre à cette question exige tout d’abord de dire nettement :
1Il est possible de gagner.
Dans le département des Yvelines, comme dans beaucoup d’autres, les actions engagées, ces derniers mois, par les personnels et leurs organisations syndicales ont à chaque fois obtenu des résultats:
Contre la décision de la direction d’imposer une nouvelle année d’austérité salariale, obtention d’une augmentation de salaire pour tous dans la société de transport en commun Phébus à Versailles, dans l’enseignement, revalorisation de la grille indiciaire des enseignants non titulaires accédant à un CDI, à la CAF maintien aux effectifs de jeunes dont le contrat de vie touchait à sa fin à la suite d’une assemblée du personnel à l’appel des organisations syndicales et du simple dépôt d’un préavis d’ arrêt de travail, dans la métallurgie à l’initiative d’une organisation syndicale ayant porté l’affaire au plus haut niveau de l’Etat le retrait du PSE a été consenti par la direction de GEMS, filiale du géant nord-américain Général Electric, qui vient d’acheter Alstom dans les conditions que chacun ici connait, chez les ambulanciers,…
C’est à mon avis, déjà significatif.
Ajoutons à cela que de plus en plus de salariés, en butte à l’injustice et à l’arbitraire patronal, n’hésitent pas à porter leur affaire devant les conseils de prud’hommes et trouvent des délégués syndicaux, eux aussi de plus en plus nombreux, prêts à les soutenir dans leurs démarches.
Celles-ci se terminent le plus souvent favorablement aux salariés dont les conseils reconnaissent le caractère injustifié, « sans cause réelle ni sérieuse », de leur licenciement. La société Continental, dont un des sites industriels est situé à Rambouillet, a été déboutée par la cour d’appel d’Amiens (Oise), celle-ci confirmant la décision du conseil des prud’hommes de Compiègne émise en août 2013 et invalidant le motif économique de la décision de licenciement des 683 ouvriers de Continental.
Que de plus en plus de militants, conformément à leur mandat, s’engagent dans cette voie d’initiatives revendicatives actives dans leur entreprise et leur localité, et la confiance grandira avec le rapport de force en construction.
Il en découle que nous suivons avec une attention particulière le développement de ces conflits et plus généralement des luttes de classe.
Après les grèves des cheminots, de la SNCM, des pilotes d’Air France, partout où nous assurons une responsabilité, nous nous engageons avec les personnels pour les revendications immédiates dans chaque action partielle menée dans l’entreprise ou dans la localité. Ce faisant nous sommes engagés dans le combat pour l'unité qui conduira à l’émergence du soulèvement général aura la capacité de briser la domination de la finance en commençant par obtenir le retrait du pacte de responsabilité.
Car c’est bien de cela qu’il s’agit.
L’appel local « A toutes les femmes et tous les hommes attachés à la démocratie et aux droits sociaux » souligne : « En finir avec l’austérité sans fin ! Voilà l’enjeu! Cette aspiration profonde des peuples, forgée dans des années de lutte et de conquêtes sociales et politiques se heurte frontalement et quotidiennement à la soumission du pouvoir aux marchés financiers et à l’avidité sans limite de la finance. Pour ce qui nous concerne, nous faisons comme vous le même constat : depuis des années, les gouvernants ont multiplié les cadeaux à la finance sacrifiant les droits et la protection de leurs concitoyens. »
2Contre la trahison : démocratie, rédaction et respect du mandat, souveraineté totale pour la classe ouvrière.
Seul le libre débat dégagera les moyens contribuant efficacement à vaincre la politique poursuivie.
Cette conviction profonde qu’il appartient aux travailleurs eux-mêmes d’établir les revendications est d’autant plus forte et profonde que la remise en cause systématique des droits et acquis engagée depuis le tournant de la rigueur de 1983 a été rendue possible par la trahison du mandat confié par la majorité du pays.
Dans la lettre n°1 aux signataires de notre appel local, nous précisons à propos du « nouveau langage » imposé par la mondialisation : « Son rôle est important, il permet à la fois de présenter comme vérité éternelle et universelle ce qui n’est rien d’autre que les exigences permanentes des détenteurs de capitaux et les vieilles « lunes » patronales et surtout de justifier tous les renoncements et toutes les trahisons du mandat par ceux qui ont sollicité les suffrages de leurs concitoyens».
Est profondément inscrit dans la mémoire collective, le reniement du vote majoritaire NON au Traité européen en 2005.
Il s’est trouvé une majorité de députés et de sénateurs pour voter OUI au parlement, et cela, grâce à l’apport décisif des élus du PS sous la conduite de F hollande, l’actuel président de la République.
Là est l’origine de la nécessité de réaliser, à égalité, la confrontation entre travailleurs, militants d’affiliation et d’expérience différentes.
Contre la trahison et le reniement qui sont au cœur de tous les échecs, les propositions d’une 6ème république, d’Assemblée constituante ou autres formes institutionnelles n’offrent pas plus de garanties.
Les questions clés sont celles de la souveraineté et de la démocratie ouvrière, assurant à la classe ouvrière la capacité d’imposer et de contrôler le respect du mandat et de surmonter la trahison.
Certes la discussion sur les propositions politiques des uns et des autres est légitime mais n’est-il pas fondamental et prioritaire que soit obtenue la liberté totale des travailleurs à s’organiser en toute indépendance et sans aucun contrôle de l’appareil d’Etat ?
Liberté totale à s’organiser, liberté totale de parole, d’édition et de publication et mise en œuvre d’une campagne nationale pour l’instruction et la lutte contre l’ignorance.
Donc abrogation de toutes les lois liberticides telle la loi de 2008 sur la représentativité syndicale, suppression des seuils sociaux et égalité des droits à l’organisation pour tous quelle que soit la taille de l’entreprise et l’activité, Droit pour tous les adultes volontaires de bénéficier gratuitement d’une formation à la lecture, écriture et analyse de texte, et d’une formation qualifiante sur cette base minimale d’instruction.
Conjointement à cette élaboration pour une véritable politique anticapitaliste, l’heure n’est-elle pas venue de l’engagement immédiat de tous dans la construction du rapport de force pour stopper l’offensive dislocatrice et destructrice de la finance.
Comme nous le concluons dans notre première lettre aux signataires dans les Yvelines : «Toute affaire cessante, les besoins sociaux se loger, se nourrir, s’habiller, se soigner et permettre l’instruction de nos enfants doivent constituer la priorité des politiques publiques. La première des mesures doit être la fin de l’austérité et le retrait du pacte de responsabilité. »
3Aucun parti n’est en mesure de réaliser par lui-même de tels objectifs vitaux.
Mais il est de la responsabilité de ceux qui prétendent une place dans le combat d’émancipation à engager leurs forces dans le développement de comités locaux et d’entreprise établissant, par le libre débat, leurs cahiers des priorités sociales et politiques et les modalités de leur action politique pour vaincre.
De l’absolue nécessité du respect du mandat et du libre exercice pour les travailleurs de leurs droits fondamentaux à l’organisation et à la contestation systématique des institutions en place, découleront les formes politiques d’organisation du pouvoir.
De la même manière que la mise en œuvre des mesures d’urgences assurant concrètement la priorité aux besoins sociaux tels que définis plus haut, posera la nécessité de la remise en cause de la propriété privée des moyens de production.
Certes il est difficile de comprendre pourquoi l’avidité de l’ultra minorité des ultras riches est sans limite.
Par contre nous connaissons parfaitement les lois à adopter pour interdire à cette avidité de déterminer et conduire les destinées des peuples.
Comme le souligne, à mon avis, très justement un militant dans le compte rendu de la 3ème réunion-débat en Eure et Loire publié dans le journal Informations ouvrières n°324 "ce mouvement ne lui appartient pas, pas plus qu'il ne doit appartenir à un cartel de partis ou à un homme. Que faire maintenant? Il nous faut des projets. Des projets à court terme, identifiables, réalistes. Des projets d'action, pas uniquement ''de réunions entre nous", si intéressantes soient elles. Des projets à plus long terme, peut être utopiques, "assez grands pour ne pas les perdre de vue", ceux qui nous réunissent, ceux préparant une nouvelle société ".