Trappes est une ville à forte tradition cheminote, donc cela ne vous étonnera pas si je considère cette grève des cheminots comme une bonne réponse à la situation. Mais je vous voudrais reprendre la réflexion d’Hubert, qui posait le problème de l’intérêt de ces conférences.
L’intérêt de ces conférences, c’est l’échange de nos expériences, et c’est commencer à réfléchir sur la réalité de nos responsabilités.
J’estime que nous pouvons et devons prendre totalement nos responsabilités en tant que syndicalistes.
Nous sommes dans une situation parfaitement incroyable.
Voilà un gouvernement dont le président de la République n’a jamais été aussi minoritaire, impopulaire, et qui prend des mesures inouïes contre l’industrie, contre la Sécurité sociale, contre l’ensemble des droits et acquis.
D’où vient cette puissance, alors qu’il n’a aucune base populaire ?
Et en plus il ose dire : « Il faut savoir arrêter une grève. » Bien que, force est de constater qu’il pourrait difficilement dire : « Il faut savoir la commencer », car il n’en a jamais fait.
Notre responsabilité, nous devons la prendre tout de suite, d’abord, en déposant avec nos camarades du syndicat les revendications, en définissant avec les syndiqués les moyens d’action, en proposant, grâce, aux relations fraternelles que nous tissons avec les membres des autres organisations, l’unité dans l’action, car nous savons que nous pouvons les faire reculer, compte tenu de leur faiblesse.
Regardez les partis politiques : ils sont tous effondrés. Et que fait-on ? Tout de suite, on cherche à salir les organisations syndicales, tout de suite on chercher à contester leur existence. J’apprends ici que FO n’est pas acceptée aux négociations à la SNCF sous prétexte de non-représentativité ? Mais regardez Bull. FO, cette même organisation, est première organisation syndicale de cette entreprise, mais comme elle est absente d’Atos, l’entreprise acheteuse de Bull, FO risque de ne pas êtres non plus aux négociations parce qu’elle ne serait pas représentative dans la société acheteuse.
Tout est bon pour rejeter les organisations syndicales, pour mettre de côté celles qui, avec la CGT-FO, mettent en avant les revendications définies par le mandat des salariés.
C’est la même opération qui est tentée au travers de ce sondage stupéfiant publié dans L’Humanité Dimanche de la semaine dernière, où on apprend que 40 % des ouvriers auraient voté Front national, et parmi eux la majorité étant des syndiqués à FO et à la CGT. C’est-à-dire que non seulement ce sont des ouvriers (ils devraient en avoir honte), mais en plus ils sont syndiqués et ce sont eux qui votent Front national. Et quand on regarde les chiffres, on s’aperçoit qu’ils parlent de 40 % dans une situation où il y a 82 % d’abstentions, il reste donc 18 %, et 40 % de 18 %, ce n’est plus pareil ! Cela fait entre 7 et 8 % inscrits.
Voilà la réalité. On veut nous salir. Pourquoi ? Parce qu’ils savent très bien qu’aujourd’hui, on le voit bien avec la SNCF, si nous quittons le terrain du chloroforme, des conférences sociales, si nous rejoignons le terrain des AG mandatant leurs délégués, alors il est possible de gagner.
On le voit dans la grève des transports à Versailles. Deux cents salariés en piquet de grève sur 270 employés. Ils ont obtenu le recul du patron qui avait prévu 0,6 % d’augmentation. Ils ont obtenu 2%. Ce n’est pas énorme. Mais dans un pays où on prône 0 %, 2 %, c’est une victoire des organisations syndicales, c’est une victoire des travailleurs de cette entreprise. Et c’est dans cette voie, à mon avis, qu’il faut s’engager.
Alors camarades, prenons l’industrie. C’est quand même stupéfiant. Il y a des plans de réorganisation avec des milliers de suppressions d’emplois, dans des secteurs professionnels où il y a du travail ! Auparavant, on nous disait : « On est bien obligé de supprimer le boulot, puisqu’il n’y a pas de travail. » Après, on nous a dit : « La compétitivité n’est pas assez forte. Donc pour la compétitivité, il faut vous sacrifier. » En vous sacrifiant, vous permettrez non pas à vos enfants d’avoir du travail, mais aux patrons d’avoir des dividendes à 10 à 15 % de marge.
Et aujourd’hui, on constate que ces entreprises sont des filiales filles ou mères de multinationales, qu’elles font l’objet de spéculation financière. Et c’est au compte de la spéculation financière, directement, que le P-DG de General Electric, une des plus grosses multinationales mondiales, qui a rencontré le président de la République, le même pour lequel nous ne votons plus. Et lui, il reçoit le P-DG de General Electric. Demandez, avec votre syndicat local, un rendez-vous à M. Hollande, et vous verrez le succès que vous obtiendrez et le délai de réponse.
Là est la question. Parce que M. le P-DG de General Electric est sorti avec Alstom sous le bras. Prenez le P-DG du groupe Crescendo, un fonds d’investissement. Un des actionnaires de ce fonds d’investissement qui a vendu deux filiales à Bull en 2010, est maintenant P-DG de Bull. Lui-même, collègue en tant qu’actionnaire de M. Thierry Breton, P-DG d’Atos, qui achète Bull. Et qui, au passage, a fait passer l’action de 30 à 60 euros, permettant aux associés du premier de récolter 42 millions d’euros dans la première journée de l’annonce de la vente, compte tenu de leur changement de participation au conseil d’administration.
C’est le pillage du pays qui est organisé.
On voit la mécanique. Je comprends bien l’attachement de certains de nos camarades sur la nationalisation, vues nos traditions en France, mais s’agit-il seulement de cela ?
Il s’agit d’établir un plan de défense de la classe ouvrière, d’embauches immédiates. Michelin vient d’annoncer qu’ils ont atteint les 110 000 salariés, et ils sont passés, de 1981 à 2013, de 30 000 en France à 12 000.
Il faut arrêter cela. Décider, effectivement, que dans les revendications, il y ait la prise de décision d’interdiction des délocalisations, de mise sous tutelle (je ne parle même pas de nationalisation) de toutes ces entreprises et groupes qui sont dirigés par des irresponsables et des spéculateurs qui détruisent notre pays, détruisent les emplois, et nous avons la force, par l’unité, de les en empêcher.
Je vous remercie.