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Un rassemblement pour la République sociale par Denis Collin 13/11/2014

19 Nov 2014
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Sur le site « La sociale »
Un rassemblement pour la République sociale
Le futur est le nôtre. Une perspective nouvelle doit s'ouvrir

Par Denis collin. Jeudi 13 novembre 2014

Le feuilleton Jouyet-Fillon agit comme un révélateur puissant. Il ne fait aucun doute que Fillon ait bien demandé à son ancien ministre d'accélérer les procédures contre Sarkozy. Ces gens s'adorent! Tous ces crocodiles dans le même marigot sont prêts à s'entre-dévorer. Mais il y a entre eux tous un cadre commun. Ils appartiennent à ce que les Italiens appellent la caste. Fusion des sommets du capital, des sommets de l'État et de la haute fonction publique.

Les 2000 familles qui gouvernent le pays sont liées par toutes sortes de connexions familiales, corporatives, financières. Jouyet est un condisciple de Hollande, il est marié avec une Taittinger (les champagnes) devenue en 2013 directrice à Sciences Po, une Taittinger comme de Marjorie (paix à son âme ...). Jouyet a été ministre sous Sarkozy et Hollande le nomme secrétaire général de l'Élysée. Il quitte donc la direction de la caisse des dépôts et consignations et la cède à Antoine Gosset Grainville , ancien membre du cabinet de Fillon et organisateur du fameux déjeuner...

Marianne, dans son numéro paru samedi, donne de très nombreux exemples de cet "entre soi" et de ces connivences de cette classe dirigeante stratosphérique. Une classe à laquelle le PS est pleinement intégré et avec le PS une bonne partie de l'appareil de la CFDT. Et c'est bien là que réside le problème majeur.
La vieille SFIO était un parti de collaboration de classes, un "gérant loyal du capitalisme", selon les mots de Léon Blum lui-même. Mais le PS actuel n'est plus cela. Pour qu'il y a ait collaboration de classes, il faut qu'il y ait au moins deux classes, que la social-démocratie puisse se présenter comme représentante des intérêts de la population laborieuse, même si'l s'agit de négocier ces intérêts dans un cadre compatible avec le maintien global du régime de la propriété capitaliste. Le PS d'aujourd'hui n'est plus un parti de collaboration de classes, parce qu'il fait pleinement partie de la classe capitaliste, laquelle n'est d'ailleurs pas seulement nationale mais aussi transnationale.

Les "frondeurs", loin de représenter le passé "réformiste", "social-démocrate" du PS sont une des pièces du système -- même si personne n'a décidé qu'ils le seraient -- car ils ont comme fonction numéro 1 de couvrir cette vérité: le PS est l'un des deux ailes du parti du capital. Car si cette vérité devenait trop éclatante pour tout le monde, la caste serait en danger car tous les mécontentements se concentreraient directement sur elle. Donc il faut maintenir la fiction qu'il existe encore un parti "socialiste"; il faut que le spectacle continue. Sur le fond, d'ailleurs les frondeurs partagent les grands principes du gouvernement: respect de l'impératif "européen", respect des accords de Maastricht et de Lisbonne, maintien de l'euro, respect du capitalisme ("horizon historique" du PS depuis son congrès de 1991). Hamon, symbole de cette gauche de pacotille a du reste signé avant de partir le décret modifiant le statut des professeurs, dans le sens prévu par Peillon, lequel reprenait un projet de son prédécesseur Chatel. Quand ils sont "en charge" les frondeurs se comportent comme un vulgaire Moscovici ou comme le premier Sapin venu! Quant à Montebourg qui se lance dans le business en suivant un stage facturé 34500€ dans une des écoles françaises les plus surfaites du business, il signe par là l'acte de désertion final d'un homme qui a toujours fait mine de se battre et a toujours capitulé.

Restent Filoche et ses amis. "Qu'allaient-ils faire dans cette galère?" Certains ont cru qu'après sa missive tonitruante et ô combien justifiée sur la mort du PDG de Total, Filoche allait se faire exclure du PS. Mais il n'en sera rien. Ils ont aussi besoin de Filoche pour parfaire le spectacle tout comme les rois avaient un bouffon. C'est absolument désolant de voir quelqu'un de la qualité de Gérard Filoche réduit à ce triste rôle.

Mais le spectacle n'amuse plus personne. Le désintérêt pour la politique, la résignation, le découragement, la démoralisation dans tous les sens du terme, gagnent le peuple, les travailleurs dépendants comme les travailleurs indépendants, les jeunes comme les retraités. Jusqu'à ce qu'une secousse inattendue provoque une de ces "jacqueries" que le pouvoir redoute, une de ces révolutions que craint l'UDI Lagarde, et dont personne ne sait ce qu'il peut sortir maintenant.

En deux mots, disons ce qui est urgent: un nouveau parti, rompant résolument avec le système pourri et avec les représentants de cette "gauche" cul et chemise avec la droite, un parti pour la souveraineté nationale, le sortie de l'UE, de l'euro et de l'OTAN, un parti défenseur des intérêts des travailleurs, défenseurs des conquêtes sociales et des libertés fondamentales, un parti qui renoue avec la tradition de juin 1848 à la Libération, en passant par la Commune de 1871 et la grève générale de juin 1936, une tradition dont l'objectif est simple: la République Sociale.

Tous ceux qui se reconnaissent dans cet objectif devraient pouvoir se rassembler sans exclusive, dans le respect des sensibilités et des histoires de chacun.