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Contribution de Denis Langlet 27/04/2015

29 Avr 2016
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Notes  27 Avril 2015

01Le processus de crise et d’éclatement des organisations se réclamant d’octobre 17 c’est-à-dire d’une stratégie de conquête du pouvoir par la classe ouvrière, est partie constituante de la crise du mouvement ouvrier dans son ensemble.En effet, quelle est l’origine de cette crise historique ? Le non-respect du mandat accompagné du droit que se sont octroyé les directions de modifier celui-ci selon leurs propres besoins.

 



Au fur et mesure, il s’est ainsi construit des modes de fonctionnement des syndicats découlant directement de la fantastique pression exercée par le capital financier et porteuses des exigences de la mondialisation.

Les autorités nationales de chaque pays, s’étant totalement intégrées aux dispositifs supranationaux et ayant abandonné aux banques leurs prérogatives et souveraineté dans tous les domaines monétaire, financier et économique, sont devenus aussi des leviers amplificateurs de cette pression sur les syndicats et leurs directions.

Bien entendu ce comportement est facilité par le décollement social progressif mais significatif de la couche dirigeante vis-à-vis de ceux et celles dont ils sont censés être les représentants.

02Mes récentes lectures encouragent à poursuivre et approfondir les études et analyses de la période appelée mondialisation. Un étude est en cours dans l’IESE fondée sur les comparatifs des valeurs d’indicateurs sociaux à la fin des « trente glorieuses » (1975) et en 2015 soit 40 ans après.

Il apparait que l’ampleur des bouleversements nécessite la création d’indicateurs sociaux nouveaux. Exemple combien y a-t-il actuellement en France de mères célibataires ayant en charge deux enfants et combien y en avait- il en 1975 ? Cela n’a-t-il pas un impact sur l’instruction et l’éducation des enfants, ainsi que sur le degré d’engagement de ces femmes dans les structures organisées du mouvement ouvrier.

Même question pour les ouvriers qualifiés d’origine étrangère. L’affaiblissement des liens entre les couches les plus exploitées et les organisations élémentaires structurantes et fondamentales de la classe que sont les confédérations syndicales est mesurable, quantifiable et a des conséquences définies et parfois surprenantes. Ainsi, moins les couches les plus exploitées sont présentes dans ces organisations et plus les directions bureaucratisées s’éloignent de leur devoir vis-à-vis des besoins de ces couches-là.

A ceci se rajoute la remarque d’un camarade de Trappes : " Qui vient aux permanences pour contacter l’union locale ? Ceux qui ont un problème et des difficultés, en général les plus fragiles dont la moindre difficulté met toute leur famille en situation de survie. En s’adressant au syndicat, ils demandent une aide et une prise en charge que le syndicat ne peut pas assumer. "

Mais assumer cette situation consisterait d’abord à la reconnaitre et sur cette base-là de prendre les initiatives organisant une véritable solidarité interprofessionnelle à l’échelle nationale dont le drapeau pourrait être " un pour tous, tous pour un " c’est à dire l’organisation et les réponses collectives et organisées de toute la classe ouvrière en réponse aux appels au secours des plus frappés par la crise.

Ce faisant, les adhésions réalisées à Trappes étant essentiellement de femmes et d’hommes dans ces couches les plus exploitées, ne produisent pas de structure stable, pérenne, fonctionnant sans à-coups… et peuvent même donner l’impression de grande fragilité. Ce qui n’est pas inexact.

Ma position est que cette réalité doit nous encourager à développer le syndicalisme inter confédéral et interprofessionnel, c’est-à-dire que les syndicats d’actifs non privés d’emplois doivent prendre la responsabilité de ces initiatives et du tissage de la solidarité avec les plus exploités par l’affectation d’un ou plusieurs de ces militants dans ces zones telles Trappes, Mantes, Plaisir, Tourcoing.. Est-ce le cas dans votre syndicat ?

Il en découle la proposition de mettre en œuvre tous les moyens nous permettant d’assurer la sortie fin juin d’un livre pamphlet écrit à partir de cette étude. Livre pamphlet car il faudra adopter un style emportant le lecteur.

Il sera nécessaire de mettre en œuvre un comité de lecteur/correcteur/vérificateur. Un format sera proposé.

A l’occasion de la sortie de ce livre sera organisée une conférence de l’institut plus modeste que celle initialement prévue sur une seule après-midi le 25 juin.

03Quant à la discussion sur des propositions d’organisation et d’action commune de ceux qui se retrouvent dans ces réflexions, elle pourra s’engager dès lors que les objectifs et le cadre de son déroulement seront nettement définis.

04Aujourd’hui, tout l’enjeu de la lutte entre le capital et le travail se concentre sur les questions de la démocratie !

a) Le capital, dans cette période ouverte en août 1971 par la déclaration de la présidence des Etats unis, Richard Nixon à cette date, s’est engagée dans une véritable guerre contre le travail. L’objectif de cette guerre contre le travail est sa réduction, c’est-à-dire la réduction du coût direct du travail et de tous les coûts imposés par les conquêtes ouvrières et démocratiques. Il s’agit pour le capital de se réapproprier la part des richesses captées par les travailleurs entre 1944 et 1956, sous la forme des acquis sociaux collectifs. Ceux-ci sont le résultat direct de la vague « révolutionnaire » initiée, en 1943, par la défaite des troupes hitlériennes à Stalingrad. Ces conquêtes sociales, contenues dans le programme du CNR (Conseil National de la Résistance) se sont inscrites dans l’héritage de la révolution française et notamment celui de l’action de Robespierre et du Comité de salut public. Cet héritage est celui du cadre juridique imposé par la mise en œuvre du principe de " l’égalité des droits de tous pour tous ", principe établi et revendiqué dans le livre de Jean-Jacques ROUSSEAU " le contrat social ". Cette conjonction, elle-même résultat de la puissance du mouvement ouvrier et de son aile contestataire et anti parlementaire, a placé ce pays, La France, dans une situation particulière.

b) Puissance capitaliste indéniable, dont l’économie(Pib) est en quatrième position mondiale, longtemps parmi les premières puissances coloniales et militaires, membre du club des puissances nucléaires reconnues, elle est aussi par son histoire une référence pour la classe ouvrière mondiale et pour tous les peuples, référence démocratique acquise par 1789, 1792, 1870, 1884, 1895, 1901, 1905 … : celle de la démocratie ouvrière comme moyen d’élaboration et de définition du mandat. Cette nécessité vaut aussi pour ces milliers et milliers de militants engagés dans la préservation de leurs syndicats, leur maintien sur des positions ouvrières (« de classe ») et à la recherche des moyens de réalisation de l’action unie sur le mandat défini par leurs propres mandants.

c) L’heure est à la stimulation de la discussion sur la stratégie et la tactique à développer dans le combat pour se débarrasser de la domination du capital. L’heure est à la réaffirmation que le combat émancipateur doit se mener sous le drapeau du socialisme c’est à dire celui de l’abolition de la propriété privée des moyens de production. Seule position véritablement internationaliste. Mes prochaines notes porteront sur ces questions.

J’espère pouvoir venir te saluer au Mur des fédérés ce dimanche 1er Mai, dans le cortège de la LP. Cela nous donnera l’occasion de relancer la campagne laïque et le groupe Fernand Pelloutier.

Salutations fraternelles

Denis