Imprimer cette page

Après la grève des pilotes d’Air France par Denis Langlet 12/10/2014

23 Oct 2014
Écrit par 
Lu 1735 fois

« Après la grève des pilotes d’Air France… »

Dénoncée comme « corporatiste » et « indécente » par le secrétaire général de la CFDT, combattue ouvertement par le gouvernement Hollande, soumise à la pression d’une campagne hostile et médiatisée, la grève des pilotes d’Air France a été massive, ponctuée d’assemblées générales décisionnaires et a démontré son efficacité. En grève pendant 14 jours à l’appel de leurs organisations syndicales (SNPL, SPAF, ALTAIR).

Leur revendication centrale était l’annulation du plan de restructuration appelée : « Perform 2020 » qui prévoit la délocalisation d’une partie des activités d’Air France au sein de deux filiales low cost appelée Transavia-Europe et Transavia-France dont la flotte est en cours de constitution par le transfert des avions d’Air France.
Le 24 septembre, la direction a annoncé l’abandon de son projet de « filiale Europe », abandon confirmé le 25 à 15 H à l’ouverture des négociations MAIS A REFUSE DE CEDER SUR LE MAINTIEN DU STATUT Air France pour les pilotes transférés à Transavia France.

Cette fermeté a été rendu possible par l’exceptionnelle campagne cherchant à dresser tout le pays contre cette catégorie, l’engagement de tous les partis institutionnels dans une sorte d’union nationale cherchant à intégrer les confédérations syndicales au pacte de responsabilité et par voie de conséquence obtenir au moins leur paralysie. Les confédérations ouvrières s’étant mises à l’écart, le champ était libre pour l’engagement total du gouvernement Valls aux côtés de la Direction d’Air France. Il faut ici saluer la détermination des pilotes, le courage, la clarté de l’analyse et le sens tactique des responsables syndicaux du SNPL. Le journal Les Echos dans son édition du lundi 29 septembre prend ses désirs pour la réalité en titrant « Air France : pourquoi les pilotes ont capitulé ». Non les pilotes et leur syndicat n’ont pas capitulé ! Certes, ils n’ont pas eu gain de cause sur la revendication essentielle d’un contrat unique pour tous les pilotes AF, filiale comprise MAIS ils ont enregistré l’abandon par la direction de son projet de la filiale Transavia Europe et n’ayant signé aucun accord, ils ne sont liés par aucun engagement vis-à-vis de la direction et ont préservé l’avenir., et préservés l’avenir en ne signant aucun accord. Le premier recul, certes partiel, constituait un succès très important et significatif et un point d’appui indéniable pour l’action revendicative dans chaque branche d’activité et dans tout le pays.
La délocalisation programmée par la direction d’Air France, entraînerait la disparition de dizaines de postes de pilotes à Air France ainsi que le changement de conditions de travail, toutes révisées à la baisse pour les actuels et les futurs pilotes de Transavia. Parmi ces nouvelles conditions : augmentation de la durée du travail (de 560 heures par an à 700 en moyenne), baisse du niveau des salaires et des garanties collectives, possibilité d’enchainer 7 jours de travail consécutifs…le tout pour aboutir à une baisse des coûts d’exploitation de 40%. Une fois de plus est démontré que la compétitivité au sens des actionnaires est contradictoire avec les notions de statut des personnels, d’acquis collectifs et d’accord librement négocié.

Le mécanisme du plan de la direction d’Air France est connu, il est exactement le même que celui appliqué depuis le début des années 80 dans les branches industrielles les unes après les autres.
C’est ce mécanisme et cette méthode, repris par la direction d’Air France, qui sont à l’origine de la désindustrialisation du pays et du chômage massif ! Ce mécanisme - privatisation du secteur d’activité, restructuration avec externalisation par la mise en sous traitance et les délocalisations, application de politiques de réduction systématique des coûts – s’est traduit dans toute l’industrie par des licenciements massifs, la soumission de ces grandes entreprises aux marchés financiers internationaux avec leur succession de fusions acquisitions et de versements de dividendes records pour les actionnaires.

La grève massive des pilotes, à l’appel de leurs organisations syndicales a obtenu un résultat : le recul partiel de leur direction. Avant lui, ces derniers mois dans de nombreux conflits locaux, dans les transports passagers, dans la métallurgie, dans les services, à la CAF, des résultats ont été obtenu sur les salaires, les conditions de travail et des emplois ont été préservés. Contribuer à ce qu’il en soit ainsi au niveau national et à mettre un coup d’arrêt à la politique destructrice en cours en commençant par le retrait du pacte de responsabilité est l’urgence de l’heure. Chaque succès, même partiel, renforce le puissant mouvement en formation dans les entreprises et les localités pour la préservation et la reconquête de tous nos droits et acquis perdus et détruits par l’offensive déréglementaire initiée au début des années 80 par les milieux financiers.
Après la grève des pilotes, les occasions de conforter ce mouvement encours et de préparer les mobilisations massives et gagnantes. Ne manqueront pas. Il en est ainsi d’ores et déjà de la proposition du comité confédéral national de Force Ouvrière de « prendre toutes les initiatives nécessaires, dés que possible et au plus vite, pour une manifestation nationale pouvant aller jusqu’à la grève interprofessionnelle.
Denis Langlet 12.10.2014